Test de langue pour les médecins étrangers

La réglementation actuelle de l’admission des médecins arrivera à échéance en juin 2019. Le Conseil fédéral a présenté récemment ses idées à ce sujet. Mais on y chercherait en vain des mesures énergiques telles que le pilotage par compétences linguistiques.

Le Conseil fédéral a fait savoir, voici quelques semaines, comment il comptait piloter à l’avenir l’admission des médecins. On se félicitera qu’il ait renoncé à restreindre le libre choix du médecin et que des différences de prix pour une même prestation lui paraissent inappropriées. Le modèle qu’il propose prévoit que la mobilité accrue des patients et les modèles de travail flexibles des médecins seront mieux pris en compte. La FMH juge ces mesures trop molles. Elle estime que la pratique actuelle a fait ses preuves. Aujourd’hui, les médecins souhaitant exercer en indépendants doivent avoir travaillé pendant au moins trois ans dans un centre de formation reconnu.

La qualité comme critère principal
Au Conseil fédéral s’offre l’occasion de miser systématiquement sur la qualité, a dit la FMH dans un communiqué officiel. L’admission doit dorénavant être régie par des critères de qualité simples, vérifiables et efficaces, tels que langue, formation et formation continue. Les connaissances linguistiques, en particulier, deviennent de plus en plus importantes. Aujourd’hui déjà, un médecin en exercice sur trois vient de l’étranger et quatre titres de spécialiste sur dix sont décernés à des médecins ayant des diplômes étrangers et provenant, pour beaucoup d’entre eux, de pays où l’on ne parle aucune des langues nationales suisses. Or ce manque de compétences linguistiques met en danger la sécurité des patients.

Quand on comprend tare pour barre
Une patiente se plaignant de violentes douleurs abdominales se présente aux urgences. Le médecin de garde qui l’accueille la rassure et lui dit «je vais voir ça tout de suite». Mais son collègue étranger comprend «appendicite» et l’opère. Heureusement, il n’y a pas dans cette histoire un mot de vrai. Celui qui la raconte est Frank Ulrich Montgomery, le président de l’ordre des médecins allemand. L’Allemagne compte aujourd’hui plus de 40 000 médecins étrangers, dont beaucoup parlent à peine l’allemand, ce qui n’a pas échappé au corps médical allemand.

Allemagne: tests de langue uniformes pour les médecins immigrés
Il a sonné l’alarme et fait pression sur le politique. L’an dernier, ayant compris le message, les Länder ont institué pour les médecins étrangers des tests de langue uniformes. Avant d’être autorisés à pratiquer, les médecins immigrés doivent maintenant passer des tests de langue sévèrement réglementés. Il ne suffit plus de se débrouiller en allemand. Les candidats sont soumis à des simulations d’entretien avec des patients ainsi qu’à des entretiens techniques avec des collègues notés avec sévérité. Les résultats sont alarmants: 40 à 50 pour cent des médecins ratent le test. Notre voisin a compris que les médecins doivent être capables de parler sans difficulté avec les patients comme avec leurs collègues.

Des exigences clairement définies pour les cantons
La Suisse en est loin. La loi sur les professions médicales révisée exige certes la maîtrise avérée d’une langue nationale, or le Conseil fédéral s’est contenté, il y a peu, de durcir les dispositions sur l’enregistrement. Les personnes concernées disposent maintenant d’un délai de deux ans pour apporter la preuve de leurs connaissances linguistiques. Un signal plus fort de la Confédération ne serait pas de trop. L’élaboration du nouveau modèle d’admission offre au Conseil fédéral une belle occasion de rattraper le temps perdu et d’imposer aux cantons des exigences clairement définies. Des projets de texte existent déjà: la FMH et l’Institut suisse pour la formation médicale postgraduée et continue
ISFM exigent au minimum la connaissance d’une langue nationale de niveau B2, soit environ l’équivalent du niveau de la maturité.

Évoquant la situation actuelle, Peter Wiedersheim, co-président de la Conférence des sociétés cantonales de médecine CCM, ne mâche pas ses mots: «Je ne comprends pas que le politique et les autorités ne cessent de critiquer la qualité du corps médical mais ne trouvent pas nécessaire de rendre les compétences linguistiques obligatoires. Les pays voisins, tous membres de l’UE, ont des règlements en la matière alors que nous attirons, nous, les médecins qui échouent au test de langue de ces pays!» Le Conseil fédéral se doit d’agir, lui qui fait de la sécurité des patients l’un des objectifs phares de son agenda Santé 2020.

Légende

En l’état actuel des choses, la Confédération n’exige même pas des connaissances linguistiques du niveau de la maturité pour être autorisé à soigner des patients. Autant dire que les malentendus sont programmés. (Photo: iStockphoto)

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