Un débat éthique a besoin de concepts clairs

Le domaine public a rarement connu une demande d’éthique aussi forte qu’en ces temps.Tout débat d’éthique suppose des concepts clairs. L’obligation vaccinale en est une démonstration paradigmatique.

On ne peut considérer comme obligation vaccinale ni les incitations ni les restrictions d’accès imposées aux personnes non vaccinées, qui, pratiquées avec mesure, se justifient dès lors qu’elles servent à protéger la santé publique sans empêcher les gens de satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Une obligation vaccinale serait une obligation juridique décrétée par l’État, contrôlée par la police et sanctionnée par des amendes en cas d’infraction. Ce qui, aux yeux de la Commission nationale d’éthique, ne serait pas proportionné et remettrait au contraire en question des positions juridiques trop fondamentales pour que l’on en pèse le pour et le contre par rapport à l’utilité qu’elles pourraient avoir dans la lutte contre la pandémie.

Pour être jugée proportionnelle, une mesure doit être appropriée, nécessaire et supportable. Le dernier de ces critères est celui qui, éthiquement parlant, est le plus problématique. Une obligation vaccinale priverait les personnes du droit de décider librement d’une intervention médicale. Même non imposée par contrainte physique, elle serait en contradiction avec le droit de disposer de son propre corps et remettrait en question le droit, péniblement conquis, d’être protégé contre des interventions de tiers et, notamment, de l’État. Éthiquement parlant, l’obligation vaccinale est un enjeu important, dont on ne peut débattre qu’en appelant les choses par leur nom.

Légende

Andrea Büchler est professeure de droit à l’Université de Zurich et présidente de la Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine.

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